Bivouac de Gabrielle Filteau-Chiba

Dans Bivouac, troisième volet de sa trilogie, Gabrielle Filteau-Chiba poursuit sa fresque poétique et militante en pleine forêt québécoise. On y retrouve les héroïnes Anouk et Raphaëlle, engagées dans une vie communautaire alternative à la Ferme Orléane, entre agriculture biologique, entraide et résistance discrète. Leur rêve : un mode de vie autonome, durable, en harmonie avec la nature. Elles sont portées par l’espoir d’un autre monde, fait de bocaux de conserves et de solidarités réinventées. En parallèle, le personnage de Riopelle, figure d’artiste engagé, rejoint le combat au sein du Bivouac, ce lieu en pleine forêt devenu symbole d’une lutte écologiste désespérée mais pleine de ferveur. Ensemble, ils tentent de préserver un territoire menacé par l’exploitation intensive. Ce roman porté par une prose sensorielle se veut un cri d’alerte : celui d’une humanité qui vacille, et d’une nature qui souffre.

Réserver ce livre

Ce tome clôture une trilogie singulière, féministe et engagée, dont j’apprécie le souffle poétique et la relation puissante à la nature. Gabrielle Filteau-Chiba, avec son style sensible et parfois mystique, parvient à donner vie aux arbres, à la terre, au vent. Lire Bivouac, c’est sentir l’écorce sous ses doigts, entendre le chant du bois et se laisser envahir par la langue québécoise, savoureuse et vivante.Cela dit, j’ai trouvé ce récit peu abouti : l’intrigue tarde à s’installer, et le fil narratif devient parfois confus, comme noyé dans la multiplicité des intentions. Le militantisme écologique, très présent, m’a parfois semblé excessif ou idéalisé, avec des actions menées par les activistes qui peinent à convaincre, voire à paraître crédibles. Il y a une forme de radicalité un peu vaine dans leur lutte, où je ne me suis pas toujours reconnue.Pourtant, j’ai aimé le personnage d’Anouk, complexe, passionnée, tiraillée entre ses idéaux.Ce roman m’a aussi charmée par son cadre : la Gaspésie, rude, belle, indomptée, presque sacrée sous la plume de l’autrice. On sent que Gabrielle Filteau-Chiba parle depuis une expérience vécue, incarnée. Cette immersion dans une forme de "nature writing" québécois moderne est précieuse ! Une lecture en demi-teinte donc, entre admiration pour la langue et les intentions, et réserve sur la forme et l’efficacité du propos. Mais l’autrice mérite d’être découverte pour sa singularité, sa poésie et l’amour profond qu’elle exprime pour la terre et ses gardien·nes.

Les mieux notés

Nos nouveautés